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Dans mon chapeau...
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cinema
26 mai 2009

Brouillard sur le bayou

19070274"Dans la brume électrique" de Bertrand Tavernier,
avec Tommy Lee Jones, Peter Sarsgaard, John Goodman et Mary Steenburgen

J'ai pris grand plaisir aux quelques incursions que j'ai fait jusqu'à présent dans l'univers de James Lee Burke et de son flic louisianais un peu désabusé, Dave Robichaux. L'envie m'est donc venue tout naturellement de découvrir la toute nouvelle adaptation, réalisée par Bertrand Tavernier, d'une de ses enquêtes - enquête que je n'ai justement pas encore lue, ce qui est peut-être aussi bien: pas d'attente particulière, pas d'a priori...

Sans préjuger de la fidélité de cette adaptation de "Dans la brume électrique", j'ai apprécié les atmosphères - crépusculaires, pesantes et orageuses mais non dénuées de douceur - que Bertrand Tavernier a recréées ici. Et l'âpreté qu'il a su donner, aussi, au monde de Dave Robichaux: un monde souvent dur, violent, où quelques méchantes gens peuvent certes passer pour complètement noires (au figuré s'entend), mais où personne, y compris notre héros, n'est vraiment tout blanc...

Voici un film qui s'inscrit dignement dans la grande tradition des films noirs made in USA, servi par des acteurs tous aussi impeccables les uns que les autres et par une superbe bande-son, lorgnant vers un blues aux sonorités rauques et éraillées et trimbalant tout son poids de vécu - on croise d'ailleurs le bluesman Buddy Guy dans un petit rôle. Un très bon moment de cinéma.

Vous trouverez sur Lecture/Ecriture plusieurs fiches consacrées aux livres de James Lee Burke.

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17 mai 2009

Orageux

18643215"Les climats" de Nuri Bilge Ceylan,
avec Ebru Ceylan, Nazan Kesai et Nuri Bilge Ceylan

Soleil et pluie. Orage et neige. Nuri Bilge Ceylan joue de toutes les ressources de la métaphore météorologique pour nous dépeindre les états d'âmes de ses héros, Bahar et Isa. Il nous offre ainsi le portrait impressionniste d'un couple en déliquescence, incapable de se rejoindre comme de vraiment se séparer. Il y a là un triste constat d'incommunicabilité qui n'a rien à envier à l'ultime tentative du poète Ka pour retrouver l'amour dans le très beau roman d'Orhan Pamuk, "Neige", et pas seulement parce que Nuri Bilge Ceylan nous entraîne dans un périple par les paysages solitaires et désolés de son pays.

C'est une très belle découverte que ce film lent, contemplatif et pourtant tendu, où les personnages se parlent peu mais où les images parlent pour eux, comme elles le feraient dans certains des chefs-d'oeuvre de Michelangelo Antonioni, "L'Eclisse" ou "L'Avventura", dans le jeu des cadrages souvent audacieux et étonnament inventifs. Ça devrait aller de soi: le cinéma est un art de l'image, mais ces films où les images sont si éloquentes sont si rares...

J'ai vraiment savouré ces "climats", enregistré la semaine dernière sur Arte (à une heure indue, troisième sinon quatrième partie de soirée, comme de bien entendu). Et je vais me dépêcher d'aller voir le dernier film de Nuri Bilge Ceylan, "Three monkeys", tant qu'il passe encore en salle. 

8 mai 2009

Perrault revisité

19051515"La véritable histoire du chat botté"
de Jérôme Deschamps, Pascal Hérold et Macha Makeieff

Tout le monde connait cette histoire, grand classique au vert paradis des lectures enfantines: un pauvre meunier, sur le point de mourir, a légué son moulin à ses deux fils aînés, laissant au benjamin, P'tit Pierre, un chat aussi bavard qu'il n'est botté et par surcroît bien décidé à lui faire épouser la fille du roi.

Et en gros, c'est bien cette histoire-là que Jérôme Deschamps, Pascal Hérold et Macha Makeieff ont entrepris de nous raconter ici. A ceci près qu'ils l'ont bourrée à craquer de gags en cascade et de parodies en tout genre, jusque dans la bande-son d'une impertinence réjouissante, qui passe indifféremment à la moulinette des mirlitons la "Carmen" de Bizet ou la "Chevauchée des Walkyries" (à laquelle elle donne une illustration presqu'aussi drôle que celle de Fellini dans "Huit et demi"), proposant ainsi une relecture joliment irrévérencieuse du conte de Perrault (quoique pas aussi iconoclaste que celle qu'en donne Vera Feyder dans ses "Règlements de contes").

On a bien par moment l'impression de "saturer", et de ne pas suivre à décrypter toutes les allusions plus ou moins subtiles ou à identifier les ressemblances des personnages avec des êtres bien réels: la reine, bien sûr, qui emprunte les traits de Yolande Moreau qui lui prête aussi sa voix (en bon "Belge" dans le texte), et l'un des frères de P'tit Pierre qui rappelle sans hésitation Jamel Debbouze et son rôle de commis d'épicerie dans "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain". Mais vraiment il y en a trop, de ces allusions... Trop pour en parler ici, et même trop pour les repérer toutes après une seule vision du film.

19056167_w434_h_q80Yolande

(source)

Bref, c'est à mourir de rire, à voir et peut-être bien à revoir, un peu comme les meilleurs albums d'Astérix si vous voyez ce que je veux dire...

28 avril 2009

Gentil...

18744346"Ensemble, c'est tout" de Claude Berri,
avec Françoise Bertin, Audrey Tautou, Guillaume Canet et Laurent Stocker

Non, je ne suis pas une lectrice inconditionnelle d'Anna Gavalda. Ma seule rencontre avec son oeuvre - "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part" - m'a laissé le souvenir d'un recueil de nouvelles écrit d'un bout à l'autre dans la même tonalité, ou en d'autres mots manquant de constrastes ou d'épaisseur. Et cela ne m'avait pas donné l'envie de poursuivre plus avant.

Et non, ce n'est pas le film que Claude Berri a tiré de son roman "Ensemble, c'est tout" qui me convaincra d'entreprendre la lecture de cette "brique" de six cents pages. Il n'y avait pas là assez de relief pour me donner envie de lire le livre, mais pourtant beaucoup de charme: de quoi me faire passer une heure et trois quarts d'heures bien agréables devant ma télé par un dimanche soir à l'humeur flemmarde. Grâce à une mise en scène irréprochable. Et surtout à un casting parfait: Guillaume Canet en dur au petit coeur très très tendre, sa grand-mère Paulette qui s'ennuie dans sa maison de retraite (Françoise Bertin), Amélie - oups, pardon... Camille - bien plus douée pour s'occuper des vies des autres que de la sienne et incarnée par Audrey Tautou - oui, ça vous a un petit air de déjà vu, mais bon, elle est bien mignonne Audrey Tautou, dans ce genre de rôle - et enfin Philibert le Bègue dont la chapka a fait la campagne de Russie aux côtés de Napoléon, et sur la tête de son bisaïeul (un excellent Laurent Stocker). Bref, quatre bons acteurs qui se glissent sans coup férir dans les peaux de leurs personnages, et c'est tout juste de quoi passer un bon moment de détente...

15 avril 2009

Comment trouver une gentille belle-mère...

18462127"Nanny McPhee" de Kirk Jones,
avec Emma Thompson et Colin Firth

... à sept adorables petits monstres qui n'ont plus de maman?

Eh bien, il vous faudra engager Emma Thompson, tout d'abord comme scénariste pour adapter à l'écran les trois volumes de la série "Chère Mathilda" de Christianna Brand, bien connue des petits Britanniques, puis pour tenir le rôle d'une "nanny" pas comme les autres et, avouons-le, fort peu avantagée par la nature.

Ajoutez Colin Firth, dans le rôle du papa quelque peu dépassé par les événements, une cuisinière très susceptible (Imelda Staunton), une méchante tante tenant les cordons de la bourse (Angela Lansbury), une maison improbable, débordant de coins et de recoins, et surtout les sept petits monstres susmentionnés, vous obtiendrez un divertissement familial haut en couleurs, typique de la programmation TV des vacances scolaires (en l'occurence, sur RTL jeudi dernier). Ça ne mange pas de pain, mais ma foi, ça se laisse regarder le sourire aux lèvres...

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4 avril 2009

Portrait de femme, dans une époque effervescente

19001285"The Duchess" de Saul Dibb,
avec Keira Knightley, Charlotte Rampling, Dominic Cooper et Ralph Fiennes

Inspiré par la vie de Lady Georgiana Spencer devenue duchesse de Devonshire en 1774 par son mariage avec William Cavendish, et basé sur la très sérieuse biographie que lui a consacré l'historienne Amanda Foreman, "The Duchess" de Saul Dibb réussit l'improbable: offrir à ses spectateurs à la fois un bon moment de cinéma, agréable, bien rythmé et captivant, et un beau portrait d'une femme - et d'une époque - aussi complexes que fascinantes.

Et c'est que la femme et l'époque avaient vraiment de quoi intriguer. En ces années 1770, les grands débats philosophiques des Lumières et leurs idéaux démocratiques gagnent une Angleterre en pleine effervescence. Et en s'y jetant à corps perdu en faveur du parti Whig, Georgiana, hôtesse brillante qui faisait et défaisait les modes mais n'en était pas moins très malheureuse en ménage, symbolise à elle seule les contradictions de la condition féminine en cette fin de XVIIIème siècle. De tout cela, Saul Dibb nous livre assez dans son film pour piquer définitivement notre curiosité, et nous donner l'envie d'en savoir plus, sans pourtant jamais compromettre la fluidité de la narration. Dans le rôle principal, Keira Knightley tire plutôt mieux son épingle du jeu que d'habitude. Et elle est bien aidée par toute une brochette d'excellents seconds rôles: Charlotte Rampling (Lady Spencer, la mère de Georgiana), Ralph Fiennes (le duc de Devonshire) et Dominic Cooper que l'on avait déjà pu repérer dans la dernière adaptation par la BBC de "Sense and sensibility" (où il jouait un fort convaincant "vilain" Willoughby), ici dans le rôle de Charles Grey, amant de Georgiana et futur premier ministre.

L'avis de Pierre Assouline, sur la République des Livres

21 mars 2009

Suspense psychanalytique

18464061"Pas de printemps pour Marnie" d'Alfred Hitchcock,
avec Tippi Hedren et Sean Connery

Marnie Edgar change d'identité et de couleur de cheveux comme d'autres changent de chemise. Et il faut bien reconnaître que puisqu'elle gagne sa vie en dévalisant ses patrons successifs - elle semble tout simplement ne pas pouvoir agir autrement -, il vaut mieux pour elle qu'elle sache recouvrir ses traces... Mais lorsqu'elle est entrée comme comptable dans la maison d'édition de Mark Rutland, Marnie a trouvé plus fort qu'elle: un employeur qui n'a pas tardé à la percer à jour, en même temps qu'il tombait amoureux d'elle.

Avec ce suspense psychanalytique, Alfred Hitchcock a offert à Tippi Hedren et Sean Connery deux rôles magnifiques, fascinants par les zones d'ombre dont ils ne manquent ni l'un ni l'autre. Cela nous vaut des controntations mémorables entre les deux acteurs, alors que Mark-Sean tente d'amener Marnie-Tippi, qu'il a forcée à l'épouser par un chantage peu reluisant, à affronter les vieux démons qui ont fait d'elle une voleuse compulsive, affligée en outre d'une peur panique du rouge et d'un dégoût affirmé pour la gent masculine. Et si "Pas de printemps pour Marnie" reste bien loin des multiples rebondissements de "La mort au trousse" et de la tension de "Vertigo" ou des "Oiseaux", les remarquables prestations de ses deux interprètes en font un des très bons films d'Alfred Hitchcock. Et certainement un de mes préférés...

D'autres films d'Alfred Hitchcock, dans mon chapeau: "Les amants du capricorne", "Soupçons", "Mr and Mrs Smith", "Correspondant 17", "Sabotage", "Les 39 marches" et "Fenêtre sur cour"

17 mars 2009

Kate Winslet au sommet de son art

19051728"Le liseur" de Stephen Daldry,
avec Kate Winslet, Ralph Fiennes et David Kross

Auteur d'une belle adaptation du roman de Michael Cunningham, "Les heures", Stephen Daldry vient de récidiver en signant cette autre adaptation très réussie du célèbre roman de Bernhard Schlink, un livre qui m'avait profondément marquée lors de ma lecture il y a déjà quelques années: l'histoire d'une jeune allemand, étudiant en droit, qui reconnaît dans l'une des accusées du procès d'anciennes gardiennes d'un camp nazi une femme avec laquelle il a eu une liaison alors qu'il était encore adolescent.

L'intelligence de Stephen Daldry, dans le cas présent, a été de reconnaître que cette histoire d'amour, de dévastation et de culpabilité était bien assez forte par elle-même, et qu'il n'était pas nécessaire d'en rajouter à grands renforts de violons. Il nous livre donc un film sobre, très classique et servi par des acteurs impeccables au premier rang desquels on retrouve Kate Winslet au sommet de son art, dans le rôle de cette femme que l'on devine abîmée et qui a aussi abîmé tant de gens et de choses autour d'elle...

9 mars 2009

Flottements au fil du courant

18796123"Les méduses" de Shira Geffen et Etgar Keret,
avec Sara Adler, Noa Raban et Ma-nenita De Latorre

Une réception de mariage à Tel Aviv. Trois femmes se croisent, s'effleurent à peine, sans même que l'une remarque les deux autres. Keren, la mariée qui se casse malencontreusement la jambe au cours de la soirée, et se voit donc contrainte de renoncer à sa lune de miel dans les Caraïbes. Batia, une des serveuses. Et Joy, qui est venue des Philippines, où elle a laissé son petit garçon, pour travailler en Israël comme aide familiale.

Les destins de ces trois femmes ne cesseront plus de se croiser sans pour autant se rencontrer, entraînées au fil du courant, tout au long de la petite heure et demie de ces "Méduses" qui furent couronnées par la caméra d'or au festival de Cannes en 2007. Le temps d'une brève immersion dans les petits mondes personnels de ces femmes, leurs doutes, leurs incertitudes et leurs flottements face à une vie qui n'est pas ce qu'elles voudraient qu'elle soit. Le temps d'un film insolite, décalé, poétique et touchant. Une jolie découverte à porter au crédit de la programmation cinéma du dimanche soir sur Canvas...

Vous trouverez également, dans mon chapeau, un billet consacré à "Crise d'asthme", recueil de nouvelles d'Etgar Keret.

3 mars 2009

Eveil sensuel

18680451"Lady Chatterley" de Pascale Ferran,
avec Marina Hands, Jean-Louis Coulloc'h et Hippolyte Girardot

La Une-RTBF m'a donné l'occasion de revoir ce lundi soir ce beau film de Pascale Ferran, adaptation de la deuxième version du fameux roman de David Herbert Lawrence, un film que j'avais découvert il y a deux ans, lors de sa sortie en salle.

Et ce fut une petite déception. Non que la qualité du film soit en cause, car il s'agit bien, comme dans mon souvenir, d'une peinture frémissante de l'éveil de la sensualité d'une jeune femme merveilleusement incarnée par Marina Hands. Mais parce que "Lady Chatterley" est un de ces films dans lesquels il faut pouvoir se baigner, se laisser véritablement imprégner par les images et les atmosphères. Et qui, pour cette raison-même, supporte particulièrement mal le passage du grand au petit écran. A voir absolument, mais au cinéma!

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