"Te Deum & Dixit Dominus",
par le Choeur de Chambre de Namur et les Agrémens sous la direction de Jean Tubéry
Eglise Saint-Loup, Namur, le 8 juillet
Avec l'Angleterre pour fil conducteur, le festival de Wallonie à Namur ne pouvait se dispenser ni de la présence d'Henry Purcell, ni de celle de Georg Friedrich Händel. Ces deux musiciens qui ont fait, chacun en leur temps, les beaux jours des scènes et des églises londoniennes, étaient donc réunis au programme de ce quatrième - et dernier - concert en l'église Saint-Loup. Le programme était aléchant, et j'aimerais pouvoir vous dire que la musique était magnifique - ce qu'elle était certainement - et que des interprètes en grande forme - ce qu'ils étaient probablement - lui ont prêté tout l'éclat et le lustre qui convenait... Et c'est peut-être ce que je vous aurais dit, si seulement j'avais pu écouter ce concert dans des conditions décentes.
Ce ne fut malheureusement pas le cas, et j'ai longuement hésité à donner d'autres titres à ce billet, tels que "Les principes élémentaires de l'acoustique expliqués aux aspirants-organisateurs de concerts". De ce point de vue, nous avions été surpris de découvrir, et ce dès le concert du 4 juillet, que la scène n'était plus installée dans le choeur, comme à l'habitude, mais bien dans le fond de l'église, juste devant la porte dissimulée par des panneaux réverbérants et une lugubre tenture noire. Et cette bizarrerie qui ne s'était pas montrée trop gênante tant que l'église était loin d'être comble et que tout le public pouvait trouver place dans la nef centrale, a eu un effet catastrophique lors du concert de ce 8 juillet où vu l'affluence, je me suis retrouvée installée dans la nef latérale, avec le résultat suivant:
- Dans les oeuvres de Purcell, ma foi, j'ai fort bien entendu les trompettes (tout à fait brillantes, il faut bien le reconnaître) et lorsque celles-ci ne jouaient pas, j'ai pu apprécier toute la délicatesse du jeu du théorbe et du violoncelle. En revanche, les violons et le choeur auraient pu briller par leur absence sans que je n'en remarque rien, tant les rapports sonores entre les différents pupitres étaient déséquilibrés...
- Quant à la musique de Händel, je ne l'ai littéralement entendue que d'une oreille, celle que je parvenais à tendre du côté de la nef centrale de l'église... 125 ans après les premières expérimentations de prises de son stéréophoniques, l'expérience était non seulement déstabilisante mais des plus déplaisantes! Et pour la cause, j'aurais mieux fait de rester tranquillement chez moi, et d'attendre l'automne pour écouter la retransmission de ce concert à la radio!
Ce serait déjà là un triste constat sur lequel rentrer chez soi après un concert, si les places - détestables, vous l'aurez compris - où j'ai dû subir ce véritable massacre acoustique n'avaient pas été vendues comme "de première catégorie" (et bien sûr, au prix correspondant). D'où le troisième titre que j'ai pensé donner à ce billet: "De l'inanité de vendre des places de deux catégories lorsque les sièges ne sont pas numérotés" (parce que, paraît-il, "cela prendrait trop de temps", tout petit détail dont on s'était du reste bien gardé de nous avertir au moment où nous avons réservé nos places.) Ce qui m'amène à m'interroger non seulement sur l'amateurisme dont des symptômes récurrents viennent régulièrement entâcher l'organisation des événements culturels namurois (programmes qui ne sont pas imprimés à heure et à temps, changement de lieu de dernière minute pour des motifs à tout le moins bizarres...) - cafouillages d'autant plus surprenants que la programmation artistique est, elle, de très belle qualité -, mais aussi, ce qui est à mes yeux encore plus grave, sur ce que ces défaillances et ces pratiques commerciales pas très nettes révèlent de la considération (ou de l'absence de...) des organisateurs pour leur public. Et j'en tirerais peut-être un quatrième titre pour ce billet: "Faut pas non plus prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages"!
Dommage de refermer le dernier des billets consacrés au festival de Wallonie à Namur sur une note si négative - après mon coup de coeur de la soirée précédente pour le magnifique concert de l'ensemble Phoenix -, mais c'est comme ça...