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Dans mon chapeau...
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13 janvier 2009

"La vie au lendemain de ma vie avec toi..."

La vie au lendemain de ma vie avec toi
ne sera pas moins douce
ne sera pas moins belle
juste peut-être un peu plus courte
peut-être aussi moins gaie

La vie au lendemain de ma vie avec toi
ne sera pas ceci ne sera pas cela
ne sera pas souci ne sera pas fracas
ne sera pas couci ne sera pas couça
ne sera pas ici ne sera pas là-bas
Ma vie sera séquelle, sera ce qu'elle sera
ou ne sera plus rien

Certains jours, par défi,
je ferai de petits voyages sur nos traces
je ferai de petits voyages sur nos pas
Et là je te ferai de petites infidélités
tant pis si tu l'apprends
si tu dois m'en vouloir
si jamais tu m'en veux de te l'avoir appris
entre ces lignes-ci

J'irai revoir des lieux que nous aimions ensemble
Je ne tournerai pas en rond

Si ça tourne pas rond
je prendrai nos photos
dans la boîte à chaussures
sous le meuble en bois blanc
et je regarderai encore
par-dessus l'épaule du bonheur
combien tu étais belle
comment nous étions beaux

J'achèterai un chat
que j'appelerai Unchat
en hommage à l'époque où j'en étais bien sûr
incapable à tes yeux
Le thé refroidira; personne pour le boire
L'été refleurira; personne pour y croire

Je ne vais rien changer à l'ordre de mes livres
déplacer aucun meuble
J'expédierai nos cartes
qui disaient le destin
mais jamais l'avenir
à nos meilleurs amis
J'allongerai les jours
Je mettrai des tentures dans la chambre à coucher pour
allonger un peu également
le sommeil de mes nuits
mes nuits au lendemain de mes nuits avec toi

La vie au lendemain de ma vie avec toi
je la veux simple et bonne
je la veux douce et lisse
comme le plat d'une main qui ne possède rien
et ne désigne qu'elle

Karel Logist, "Si tu me disais viens et autres poèmes", Editions Ercée, 2007, pp. 14-16

D'autres poèmes de Karel Logist, dans mon chapeau: "Hier, tu ne savais pas quoi faire de ta colère...." et "Ceci ne sera pas un poème d'amour..."

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12 janvier 2009

Un bijou indémodable

afte"Diamants sur canapé (Breakfast at Tiffany's)" de Blake Edwards,
avec Audrey Hepburn et George Peppard

En ce début d'année, les vieux classiques se suivent au petit écran et ne se ressemblent pas. Après un "Certains l'aiment chaud" qui m'avait laissée de glace, Arte a proposé lundi dernier un autre jalon du cinéma américain. Un bijou indémodable, celui-là, paré de toute l'élégance d'Audrey Hepburn.

Drôle, oui, mais aussi mélancolique et un peu amer. Croissant beurré et café noir. C'est un petit déjeuner devant les vitrines de Tiffany's, adapté du roman de Truman Capote, qui a conservé tout son charme. Le portrait faussement léger de la Big Apple, vibrante, pétillante, insouciante, et de ses habitants un peu perdus, au fond, à l'instar d'un petit chat roux sans nom ni collier qui fait le gros dos sous une pluie battante, comme elle ne bat qu'à New York...

7 janvier 2009

Un conte de fée pour adultes (pas trop) sages

"Battement d'ailes" de Milena Agus41mKiYPiCJL__SL160_AA115_
3 1/2 étoiles

Liana Lévi, 2008, 153 pages, isbn 9782867464676

(traduit de l'Italien par Dominique Vittoz)

Un petit coin de paradis, un bout de landes encore sauvages sur les côtes de Sardaigne, et seulement trois maisonnées: celle de l’ingénieur, celle de Madame et celle de la narratrice  - quatorze ans et une bonne dose d’esprit critique mêlée d’une pointe d’innocence et d’un fort soupçon d’impertinence. A travers les yeux de cette adolescente singulière, Milena Agus a su trouver un ton original et séduisant pour nous conter les mésaventures amoureuses de Madame. Ses relations compliquées avec les promoteurs immobiliers, qui voudraient tellement construire quelques immeubles à appartements au bord de cette si jolie plage. Et avec des voisins – la famille de l’ingénieur – catholiques-très-bon-teint ainsi qu’en témoigne leur longue ribambelle de marmots, des enfants qu’ils aiment, bien sûr, mais en général plutôt qu’en particulier. Des gens si pragmatiques, convenables et prévisibles qu’aux yeux du grand-père de la narratrice, ils semblent rien moins que totalement dépourvus d’intelligence.

Flirtant avec l’étrange, "Battement d’ailes" prend des allures de contes de fées pour adultes mais surtout, surtout, pour adultes pas trop sages ni trop conventionnels. C’est un conte gorgé de soleil, du parfum des landes et de la saveur de tomates comme on n’en fait plus aujourd’hui - des tomates comme on en faisait "quand les adultes étaient petits".

A défaut de compter parmi ces livres qui marquent durablement le lecteur de leur empreinte, "Battement d’ailes" est un vrai plaisir de lecture, un moment de gourmandise qui donne envie d’en redemander. De Milena Agus, j’avais complètement zappé le fameux "Mal de pierres", saturée par un bouche à oreille assourdissant, avant même d’en avoir tourné la première page. Mais après dégustation de son second roman, ma gourmandise pourrait bien finir par l’emporter sur mes envies d’aller voir ailleurs, si je suis bien là où la rumeur n’est pas…

Extrait:

"Mais la grand-mère des voisins est un être humain important parce qu'avec son cerveau plus petit qu'un petit pois, elle est la preuve ontologique de l'existence de Dieu. Comment pourrait-elle en effet, alors qu'elle manque autant de cervelle, marcher, parler, exprimer des pensées et éprouver des sentiments si l'âme n'existe pas? Donc l'âme existe. Donc Dieu existe." (p. 82)

Un autre livre de Milena Agus, dans mon chapeau: "Mon voisin"

6 janvier 2009

Van Dijk portraitiste

6293_vandyckExposition Van Dijk au musée Jacquemart-André

Proposer, catalogue à l'appui, la première exposition monographique consacrée à Anton Van Dijk en France, telle est l'ambition affichée des organisateurs de l'exposition qui se tient en ce moment - et jusqu'au 25 janvier - au musée Jacquemart-André. C'est culotté, alors que la grande rétrospective anversoise consacrée au peintre n'est pas très éloignée, ni dans l'espace ni dans le temps (1997, je pense ?). Et c'est d'autant plus culotté que l'exposition parisienne est consacrée exclusivement aux portraits du peintre flamand (très grands formats exclus compte tenu de l'exiguité des espaces d'exposition), passant totalement sous silence le reste de son oeuvre et notamment sa peinture religieuse. Mais ceci dit, même si la vision proposée est très partielle, même si on se marchait sur les pieds dans les salles minuscules et malgré un éclairage pour le moins brutal, les oeuvres rassemblées ici sont d'une telle qualité que cette exposition était un vrai régal, qui valait amplement le déplacement. Avec un coup de coeur pour ce portrait d'une famille de la bourgeoisie anversoise:

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Anton Van Dijk, Portrait de famille, 1620, Musée de l'Ermitage (Saint-Pétersbourg) (Source)

Préservant les collections artistiques de Nélie Jacquemart et d'Edouard André dans leur ancien hôtel de maître, le musée Jacquemart-André est un parfait exemple d'une muséologie d'un autre âge: une accumulation d'oeuvres d'art en quantité telle qu'on peine à les distinguer les unes des autres et cela se ressentait - jusqu'à un certain point - dans l'exposition temporaire comme dans les salles consacrée à la collection permanente. Mais en un temps où les grands musées ne cessent de revoir leurs normes d'exposition, cela peut être perçu comme une qualité, un intérêt supplémentaire: un témoignage de la pratique des collectionneurs et des musées au XIXème siècle. Et puis le lieu, qui semble toujours habité par l'esprit de ses anciens propriétaires, a infinement de charme... Bref, je ne suis peut-être pas tout à fait séduite par cette première visite... mais presque ;-).

Le site du musée Jacquemart-André

Et celui plus particulièrement consacré à l'exposition Van Dijk

NB: La Tate-Britain consacrera à son tour une exposition à Anton Van Dijk, à partir du 18 février 2009. Pour plus d'informations, voir ici.

3 janvier 2009

Tout ça pour ça?

18455757"Certains l'aiment chaud" de Billy Wilder,
avec Marilyn Monroe, Jack Lemmon et Tony Curtis

Ce film, diffusé jeudi soir sur Arte, était devenu un mythe, à l'égal de son interprète féminine dont il avait contribué à lancer la carrière. Et il s'annonçait accompagné d'une pluie d'étoiles dans le programme TV.

Mais je dois être imperméable aux charmes de Marilyn... Quant aux terrrrribles gangsters de Chicago: même pas peur! Et si "Arsenic et vieilles dentelles" me fait mourir de rire à tous les coups, je ne peux pas en dire autant des prestations de Jack Lemmon et Tony Curtis en travestis.

Bref, j'ai très tôt fini par ne plus regarder la télévision que d'un seul oeil. Et mon avis tout subjectif tient en quatre petits mots: tout ça pour ça?

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2 janvier 2009

Sortilège caraïbe

“Wide Sargasso Sea” de Jean RhysCouverture_Sargasses
4 1/2 étoiles

Penguin, 1970, 156 pages, isbn 0140028781

Jamaïque, XIXème siècle, nombreuses sont les familles de planteurs ruinées suite à l’abolition de l’esclavage, en butte au mépris des nouveaux venus européens, débarqués de métropole munis de capitaux frais, et à la haine tenace de leurs anciens serviteurs noirs et métis. Et la famille d’Antoinette Cosway compte parmi les plus pauvres, reléguée loin de tout dans une plantation à l’abandon où la jeune créole grandit en sauvageonne, courant les bois à longueur de journée, fuyant toutes traces de présence humaine.

Avec ce roman qui lui valut enfin une reconnaissance tardive, après trente années d’oubli et de silence, Jean Rhys retrouve la terre natale qu’elle avait quittée à l’âge de seize ans pour rejoindre l’Europe. Et elle en dresse un tableau d’une beauté sensuelle, frémissante, ensorcelante, un tableau pourtant trop troublant, trop inquiétant, pour qu’on se contente d’y voir l’image d’un paradis perdu. L’oppression y est omniprésente, qu’il s’agisse de celle des noirs par les blancs, de celle que le dédain des métropolitains fait peser sur les vieilles familles créoles usées par le climat des caraïbes et des générations d’unions consanguines, ou encore de la menace diffuse des sortilèges de l’obeah, cette magie vaudou à laquelle les blancs ne croient pas, disent-ils, mais dont ils ne craignent pas moins les effets.

Et à travers le destin de la jeune Antoinette Cosway, c’est aussi l’oppression que fait peser sur une femme trop fragile une société impitoyable envers celle qui refuse de se soumettre à ses conventions et au jeu des apparences, qui est au cœur de ce livre dont l’épilogue tragique est connu de tous les lecteurs de Jane Eyre. Car c’est bien l’histoire de la première Mrs Rochester que Jean Rhys a choisi de nous conter ici : Antoinette, dotée d’une coquette fortune et d’un nouveau nom suite au remariage de sa mère avec le riche Mr Mason, rebaptisée Bertha par son mari qui en est venu à lui vouer une haine viscérale, en même temps qu’il en est venu à haïr la beauté trop présente, trop troublante, des Caraïbes…

Tout comme lors de ma découverte de
“L’Oiseau-moqueur et autres nouvelles”, j’ai éprouvé un vrai bonheur à me replonger dans l’univers pourtant si noir et inquiétant de Jean Rhys. Et le bonheur comme le trouble instillés à la lecture de “Wide Sargasso Sea” sont de ceux, si rares, qui continuent longtemps à accompagner le lecteur… Cela vaut bien de prendre le risque de ne plus jamais pouvoir lire “Jane Eyre” (et regarder son Mr Rochester) du même œil qu'auparavant!

Extraits :

“Everything is too much, I felt as I rode wearily after her. Too much blue, too much purple, too much green. The flowers too red, the mountains too high, the hills too near.” (p. 59)

“It is not for you and not for me. It has nothing to do with either of us. That is why you are afraid of it, because it is something else. I found that out long ago when I was a child. I loved it because I had nothing else to love, but it is as indifferent as this God you call on so often.” (p. 107)

41NPA17JJ6L__SL160_AA115_En VF: “La prisonnière des Sargasses”
traduit de l’Anglais par Yvonne Davet
Gallimard/L’Imaginaire, 2004, 238 pages, isbn 9782070770854

Mais la vieille édition Penguin que j'ai dénichée à la bibliothèque propose en outre une bonne introduction de Francis Wyndham, retraçant de façon claire, concise et sensible, le parcours de Jean Rhys...

D'autres livres de Jean Rhys, dans mon chapeau: "L'Oiseau-moqueur et autres nouvelles" et "Quai des Grands-Augustins".

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